Mon commencement
Il n’a pas facebook, il ne lira pas ces quelques mots...et pourtant il me faut les écrire et les partager avec d’autres que lui. Il sait que je l’aime et ,maintenant, je sais qu’il m’aime aussi. Ces mots-là, écris surtout, il me les envoie à la sauvette ou par métaphore. Dans la famille, on ne dit pas ces choses-là. Les sentiments n’ont pas voix au chapitre. Il faut lire entre les lignes et capter l’intention dans le quotidien.
Il m’a fallu du temps pour aiguiser mon regard et savoir.
Et pendant ce temps, j’ai cuisiné.
Gourmande , je l’ai toujours été, et pas que de nourriture. Il me fallait les mots, ceux qu’on ne dit pas comme cela. J’avais faim de ces mots-là. Comme ils ne venaient pas comme je le voulais, je les ai préparés moi-même et, ensuite, je les ai partagés en espérant être invitée, un soir, à dîner des “je t’aime” .
Ce repas-là n’est pas arrivé encore. Je crois que les mots mijotent au fond d’une marmite, mais j’en sens les arômes et j’ai vu passer pas mal d’ingrédients devant moi.
Peut-être que toute la force de cette recette est dans l’imagination issue du goût. Comme ces thés fruités qui enchantent l’odorat et déçoivent les papilles.
Devenir Top Chef en la matière n’est pas évident. On s’excite, souvent, dans sa cuisine, parfois les plats sont indigestes ou bien sans goût. C’est un savant mélange, un travail de longue haleine.
Mon commencement vieilli et mon estomac se sert. L’urgence de cuisiner se fait plus forte.
Entrées , plats, desserts, entremets, trous normands...
Il est temps de faire voler les plats, sonner les couverts et multiplier les banquets.
Il est temps de capturer d’autres instantanés pour ne rien regretter.
Merci, mon commencement.
Mes yeux sont affûtés .
Je croque, savoure les mots et connais leur prix.
Je suis. Je serai. Et mon livre comporte déjà mille recettes et gourmandises.
Ps: Ce n’est plus sa fête, mais dis à mon origine que cela vaut aussi pour elle. Pas de jaloux.
-2016-
Comments